échanges transfrontaliers entre le Roussillon français et
A l’occasion de la fête du saint patron, San Hermenegildo, de la Fraternité Royale des Vétérans des Forces Armées et de la Garde Civile de la Délégation de Gérone (Real Hermandad), qui avait lieu le 19 avril 2024 à la Caserne « Général Álvarez de Castro » à Sant Climent de Sescebes, à Gérone, le général Gilles Glin, délégué général du Souvenir Français pour les Pyrénées Orientales, et monsieur David Canone, délégué pour la Catalogne se sont retrouvés pour un échange transfrontalier.
Ils répondaient à l’invitation du président de cette association présidée par Monsieur Juan Romero Contreras ; association qui assure en Espagne le devoir de Mémoire des morts pour la patrie comme l’assume le Souvenir Français pour les morts pour la France.
En effet, le Souvenir Français est une association fondée en 1887 et reconnue d’utilité publique le 1er février 1906 qui a pour vocation d’honorer la mémoire de tous ceux qui sont morts pour la France, qu’ils soient français ou étrangers, et ce quel que soit le lieu de leur sépulture.
Le Souvenir Français est ainsi présent dans 75 pays, dont l’Espagne avec plusieurs comité régionaux, comme ceux d’Alicante, de Madrid, et de Barcelone.
Lors de cette rencontre transfrontalière ont été confirmées les activités mémorielles communes comme le rendez-vous annuel à Buire en Espagne, pour honorer la mémoire du jeune tambour Pierre Bayle de l’armée des Pyrénées Orientales qui fut tué au combat à l’âge de 12 ans lors de la guerre franco espagnol de 1792-1795. Il a donné son nom à la section des jeunes porte-drapeaux issus des 61 comités du Souvenir Français des Pyrénées Orientales.
Rendez-vous a été pris pour la cérémonie d’inauguration des travaux de valorisation du cimetière de la garnison du fort de Bellegarde au Perthus qui aura lieu le 25 mai 2024, au col de Panissars. Ce cimetière de garnison est exceptionnel en France car il y repose 101 membres de la garnison, inhumés de 1714 à 1914 : commandants de la place, soldats, vétérans, aumôniers, ouvriers, femmes et veuves de soldats, enfants décédés, alors qu’ils étaient affectés à la garnison du fort. Plusieurs étaient titulaires de la Légion d’Honneur.
Enfin, la reprogrammation de la cérémonie au monument aux morts de Monjuic à Barcelone a été évoquée. Ce rendez-vous annuel avait été annulé du fait des manifestations pour l’indépendance de la Catalogne, puis du fait des restrictions de mouvement induite par la pandémie.
La France et l’Espagne ont été, dans les méandres de l’histoire, tantôt ennemies, tantôt alliées. Aujourd’hui ces deux démocraties sont membres de l’Union Européenne et de l’organisation militaire de l’OTAN. Leurs associations mémorielles à l’image de la Real Hermandad et du Souvenir Français, partage la même mission bénévole : « qu’un soldat mort pour son pays, ne meurt pas deux fois, une fois au combat et une deuxième fois dans la Mémoire de ses concitoyens ! ».
Notes :
Le monument aux morts pour la France à Barcelone.
Ce monument, inauguré le 1er juin 1925, est érigé dans le carré sud-ouest du cimetière de Barcelone, à mi pente de la colline de Montjuic à l’initiative de l’Association générale française des anciens combattants résidant en Espagne. Réalisé par Gustave Violet, érigé « aux soldats de France et aux volontaires d’Espagne morts pour le triomphe de la justice et de la liberté », il comporte 135 noms.
La population française à Barcelone est enregistrée et administrée par le Consulat de sorte que lorsque la guerre éclate la mobilisation des conscrits de nationalité française se fait dans les mêmes conditions qu’en France. Des catalans espagnols, acquis aux idées de démocratie, d’égalité et de liberté, s’engagent auprès d’eux en voulant constituer une Brigade de volontaires Catalans. Ils y voient le moyen d’être reconnus par la France et soutenus comme un acteur politique qui a pour but de renverser la monarchie espagnole, qui a opté pour la neutralité dans cette guerre.
Mais les autorités françaises et la maréchal Joffre refusent la création de cette brigade et les volontaires quittant l’Espagne sont engagés à titre individuel dans la Légion étrangère à Perpignan et auprès des centres de recrutement disséminés le long de la frontière et sur la côte. Ils sont incorporés dans le Régiment de Marche de la Légion étrangère dans quatre bataillons envoyés dans l’Aisne, la Somme, en Champagne, sur l’Yser et plus loin encore, en Grèce (Bataille des Dardanelles, prise de Salonique) en Turquie (Bataille de Gallipoli). Ces bataillons multinationaux de la légion étrangère française subiront des pertes énormes, dès la première année de guerre.