Le samedi 13 janvier 2024, la délégation générale du Souvenir Français pour les Pyrénées Orientales organisait à Biure en Espagne, un évènement mémoriel pour rendre hommage à la famille de Pierre Bayle, jeune tambour de l’Armée des Pyrénées Orientales qui s’illustra lors de la guerre entre la France et l’Espagne de 1792 à 1794. Il est le plus jeune militaire mort pour la France depuis l’instauration de la République. Il fut mortellement blessé aux avant-postes par un éclat de boulet à la tête à l’âge de 11 ans et 9 mois le 1ernovembre 1794 à l’aube, à Biure.
Parmi les invités à cette journée, on notait la présence de Monsieur François-Xavier PUJOL de SALAS, Consul honoraire de France à Gérone, de madame Marie Christine Palomino, maire de Tourreilles d’Aude, de Monsieur le délégué général pour le département de l’Aude, monsieur Jean Louis Béziat, et de monsieur le délégué général pour la Catalogne du Souvenir Français, monsieur David Canonne.
Plusieurs associations avaient répondu présent à l’invitation du général Gilles Glin, délégué général du Souvenir Français pour les Pyrénées Orientales et de monsieur Antonio Vallet, adjoint au maire de Biure : les représentants de l’association des vétérans de l’armée royale et de la garde civile espagnole de la Real Hermandad, l’association des amis du petit tambour de Tourreilles d’Aude, les anciens enfants de troupe, et la section Pierre Bayle des jeunes porte-drapeaux du Souvenir Français.
Lors de la cérémonie, le consul honoraire François-Xavier Pujol de Salas s’adressa aux jeunes porte-drapeaux et à leur famille pour saluer leur engagement citoyen.
Le Général Gilles Glin rappela le parcours de la famille Bayle. Le jeune apprenti tambour Pierre Bayle, né le 2 février 1783 à Tourreilles d’Aude, avec son père, officier d’infanterie, sa mère vivandière, et son frère caporal tambour, rejoignit au sein du 8ème bataillon des volontaires de l’Aude, et début 1783, l’Armée des Pyrénées Orientales, commandée par le général Dugommier.
Il cita le général Dugommier : « C’est ainsi qu’à l’âge de onze ans, le jeune Bayle, digne émule de Barra, savait déjà apprécier combien il est doux d’avoir une Patrie, de vivre et de mourir pour elle. Il est juste aussi d’ajouter à la gloire de cet enfant, qu’il avait une famille peu fortunée qui depuis la Révolution s’est tout entière dévouée au service de la Patrie, que le père âgé de quarante-cinq ans avec son fils aîné âgé de dix-sept ans, ont fait tous les deux la première campagne de Savoie et servent maintenant dans le huitième bataillon de l’Aude… et qu’enfin la mère n’a cessé de se rendre utile dans le corps en blanchissant nos frères d’armes. Toutes ces circonstances réunies, assurant à la famille de Bayle un droit à la reconnaissance nationale, méritent d’être publiées. Elles apprendront à la postérité les vertus qu’enfante dans toutes les âmes, et surtout dans celles du pauvre, l’amour de la Liberté. »
L’après-midi, sous la conduite d’Henri Jonca, historien de la section Histoire et arts militaires du Souvenir Français, les jeunes porte-drapeaux et leurs familles empruntèrent les mêmes chemins que Pierre Bayle et sa famille avaient suivi lors des combats, alors que le général Augereau reçut pour mission de percer les lignes de l’armée royale espagnole à hauteur de Biure.
Rendez-vous était pris en mai 2024, aux pieds du fort de Bellegarde au Perthus, pour l’inauguration des travaux de mise en valeur du cimetière de garnison de Panissars.
Ce cimetière abrite, non seulement des militaires, mais aussi les membres de leur famille décédés alors qu’ils servaient au sein de la garnison du Fort. Ce cimetière a fonctionné de 1714 à 1914.
A l’image de la famille Bayle, les familles de militaires vivaient au sein de la citadelle de pierres, aujourd’hui endormie. Comme la famille Bayle, elles ont un droit à la reconnaissance nationale. Le Souvenir Français œuvre, à Biure, à Panissars, à Elne, à Ille sur Têt, et là où les pas de l’armée des Pyrénées Orientales ont résonné, pour que vive cette reconnaissance nationale.
Le jeune Pierre Bayle fait l’objet d’une page wikipédia.
Nous pouvons y lire : “Début 1793, la Convention ordonne la levée en masse de 300 000 hommes pour lutter contre les pays voisins dont l’Espagne, qui menace d’envahir le Roussillon. Les villages du Midi sont mis à contribution ; Tourreilles, qui compte 250 habitants, doit fournir cinq volontaires au 8e bataillon de l’Aude. Jean-Baptiste Bayle âgé de 45 ans et son fils Guilhaume âgé de 17, reviennent de la première campagne de Savoie et ils s’engagent à nouveau. Le deuxième fils, Pierre Bayle, à peine âgé de 10 ans, s’engage aussi en qualité d’élève-tambour, et la mère, Marguerite, en fait de même comme vivandière.
La division de l’Aude est au combat dès le 15 avril 1793, alors que les Espagnols ont franchi les Pyrénées et tentent de prendre à revers Perpignan. Après avoir repoussé l’ennemi devant la ville, l’armée française mène de dures batailles, sans véritable succès, à Trouillas, au Boulou et à Collioure. Elle reprend l’initiative en avril 1794, sous le commandement du général Dugommier, défait les Espagnols à Céret, s’empare du fort de Bellegarde, libère Collioure et Port-Vendres. Pierre Bayle est attaché à l’état-major du général Augereau, qui remonte la vallée du Tech, entre en Espagne par le col d’Ares et descend la vallée de la Muga. En prélude à la bataille de la Sierra Negra, qui va s’engager le 17 novembre et sera décisive, Augereau reçoit pour mission de percer les lignes ennemies à hauteur de Biure, à l’ouest de Figueras. Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, il infiltre ses troupes et son artillerie légère, les tambours battent la diane pour couvrir le bruit du transfert des pièces.
Dans la canonnade qui s’ensuit, à l’aube, le jeune tambour Pierre Bayle est fauché par un éclat d’obus et meurt sur-le-champ. Le 10 novembre, le général Dugommier, qui va lui-même mourir au combat dans quelques jours, fait l’éloge de Pierre Bayle au comité de salut public par courrier du 20 Brumaire An III:
« Parmi les traits nombreux de dévouement produits par la Patrie, ceux de l’enfance, plus rares et plus extraordinaires, inspirent aussi plus d’intérêt et d’admiration. Déjà, par mon rapport de l’affaire du 11 de ce mois, je vous ai dit qu’un jeune tambour âgé de dix à onze ans avait seul été tué par un éclat d’obus, mais ayant recueilli depuis cette époque quelques circonstances dignes de nos annales guerrières, je crois devoir vous les transmettre. Ce jeune Républicain
nommé Pierre Bayle, tambour dans le huitième bataillon de l’Aude, était de garde à un de nos avant-postes où malgré la faiblesse de son âge il a battu la Diane avec des efforts incroyables, pour étouffer la marche de notre artillerie volante; il exécuta ce qu’il avait dit la veille au Général du Poste : « As-tu assez de force lui demanda ce dernier pour battre demain au matin la Diane et empêcher que l’ennemi n’entende notre artillerie légère ? », « Peut-on manquer de force, répondit le jeune héros, quand on peut servir utilement son pays ? » C’est ainsi qu’à l’âge de onze ans le jeune Bayle, digne émule de Barra, savait déjà apprécier combien il est doux d’avoir une Patrie, de vivre et de mourir pour elle. Il est juste aussi d’ajouter à la gloire de cet enfant, qu’il avait une famille peu fortunée qui depuis la Révolution s’est tout entière dévouée au service de la Patrie, que le père âgé de quarante-cinq ans avec son fils aîné âgé de dix-sept ans, ont fait tous les deux la première campagne de Savoie et servent maintenant dans le huitième bataillon de l’Aude… et qu’enfin la mère n’a cessé de se rendre utile dans le corps en blanchissant nos frères d’armes.
Toutes ces circonstances réunies, assurant à la famille de Bayle un droit à la reconnaissance nationale, méritent d’être publiées. Elles apprendront à la postérité les vertus qu’enfante dans toutes les âmes, et surtout dans celles du pauvre, l’amour de la Liberté.”